EN

Réhabiliter la mémoire et la musique d’André Mathieu

Retour
André Mathieu, 6 ans / © Archives familiales. Tous droits réservés.

Pourquoi André Mathieu ?

“J’ai ouvert la porte sur le monde d’André Mathieu, alors que je ne le cherchais pas, mais qu’il m’a trouvé… Notre rencontre était, je le crois, prédestinée. Hélas, je suis arrivé beaucoup trop tard au rendez-vous. Trop tard d’une dizaine d’années. André Mathieu était déjà passé de l’autre côté du miroir, quand pour la première fois j’entendis son Prélude Romantique, œuvre saisissante d’une étrange beauté mélancolique, qui me parvint de la porte fermée d’un studio du Collège Marguerite-Bourgeoys où travaillait un professeur de piano. Bouleversé, je poussai la porte du studio afin d’en connaître le compositeur. On me répondit « André Mathieu ». J’avais alors quinze ans et je savais que pour l’avoir manqué, jamais plus je ne serais infidèle au rendez-vous. J’avais désormais André Mathieu dans ma mémoire musicale. Je répondrais à son appel, à sa détresse, à son écorchure. Celle qui marque de son empreinte les destinées tragiques des génies laissés-pour-compte, abandonnés à leur triste sort et qui sombrent au fil des ans dans une mer d’amertume, celle de ne pas être compris, de ne pas être soutenus. ”
Alain Lefèvre

Biographie d’André Mathieu par Georges Nicholson, préface d’Alain Lefèvre
Date de parution : 5 mai 2010
Achat sur www.quebec-amerique.com
Achat sur www.renaud-bray.com
Achat sur www.amazon.fr

C’est à Georges Nicholson qu’Alain Lefèvre a confié le soin d’écrire la vie d’André Mathieu. Georges Nicholson a travaillé pendant près d’un quart de siècle à la radio de Radio-Canada. Il a également écrit une biographie de Charles Dutoit.
André Mathieu, 12 ans / © Archives familiales. Tous droits réservés.

Quelques mots de Georges Nicholson

“Au fil des ans Alain Lefèvre rassemble partitions, enregistrements, lettres, photographies, programmes, coupures de journaux, témoignages, anecdotes et confidences et sa passion se transforme en mission. Ce québécois d’élection se fixe pour but de graver dans notre conscience collective et l’œuvre et la vie de ce personnage mythique tombé complètement dans l’oubli. Notre devise fameuse : « Je me souviens » à laquelle il faut accoler beaucoup trop souvent « de qui ? » ou « de quoi ? » quand il s’agit des nôtres, notre devise sélective a choisi d’oublier André Mathieu. Voici quelques repères.

Il naît à Montréal en février 1929, quelques mois avant le « krach » qui va nous plonger dans la Crise. Il meurt à Montréal en juin 1968 quelques mois avant la création de la pièce « Les Belles Sœurs » de Michel Tremblay et quelques jours avant l’élection de Pierre Elliott Trudeau, son compagnon d’études à La Maison Canadienne à Paris.

C’est un enfant prodige, c’est un pianiste, un des plus grands du XXe siècle. Il possède le sens de la pulsion rythmique et l’agogique de Rachmaninoff lui-même, une de ses idoles et la sonorité et l’imagination de Cortot, un de ses maîtres à Paris. C’est aussi un compositeur sur qui la musique déferle en vagues généreuses et inépuisables. En 1936 il est à Paris et Paris l’encense. Trois ans plus tard il enregistre son premier disque, la Guerre éclate, tout s’arrête.
André Mathieu, 1942 / © Archives familiales. Tous droits réservés.

Adieu Paris, retour à Montréal. En 1940 on recommence à zéro à New York. À treize ans André Mathieu remporte le premier prix de composition du concours de l’Orchestre Philarmonique de New York. Il va jouer une fois, deux fois, trois fois à Carnegie Hall. Retour définitif à Montréal fin 1943. Premières amours, malheureuses. Nouveau départ pour Paris en 1946, il travaille avec Honegger. Il revient au pays en 1947, l’année de la sortie du film « La Forteresse » qui utilise la musique de son Concerto de Québec.

Pierre Péladeau lui organise une grande tournée en 1949 à travers tout le Québec. Cinq ans plus tard pour retrouver son public il se lance dans les PIANOTHONS ou pendant des dizaines d’heures il ne joue que ses œuvres et improvise sans fin. Puis, c’est la chute de l’Ange, c’est l’enfer sur terre, l’alcool, la solitude, les amours inachevées. Et c’est la mort qui fauche cette vie et notre mémoire qui se hâte d’effacer les traces de son passage. Trente-neuf ans, comme tous les grands romantiques, pour celui qui se définissait lui-même comme un « romantique moderne ». Trajectoire fabuleuse, parcours digne des légendes, la vie d’André Mathieu a tous les apanages du mythe, car André Mathieu est une histoire exemplaire qui renferme en elle tout ce que nous sommes face à nous-mêmes et aux autres. ”

Georges Nicholson
Retour
Photo credits: © Alain Lefèvre / Private archives